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Qui contrôle

vraiment internet ?

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Qui contrôle vraiment internet ?

Personne ! C’est probablement ce qu’aurait répondu dans les années 90, la communauté des ingénieurs

à l’origine du réseau. Telle était alors leur volonté : un réseau d’échanges horizontal sans frontière,

libre d’accès et sans contrôle… Aujourd’hui, même si le réseau des réseaux n’a pas à proprement parler

un organe central de décision ou une véritable hiérarchie, de nombreux acteurs publics ou privés

exercent de fait leur pouvoir. Le développement futur de l’internet spatial à orbite basse

pourrait aussi rebattre les cartes de ses accès et contrôles…

Né aux Etats-Unis, le réseau des réseaux s’est développé dans

des structures de recherche soutenues par le département de

la Défense puis dans des universités en mode contributif et

collaboratif, sans véritable règle, ni organisme de régulation.

Rapidement, néanmoins, il a fallu organiser les choses d’un

point de vue technique et des organismes tels que l’ICANN*

ont permis de coordonner l’attribution des noms de domaines

et des adresses IP. D’autres organes et groupes de travail

nationaux ou internationaux tels que l’ISOC*, l’IAB*, l’IRTF*,

l’IETF*, l’IGF*ou l’UIT*...  ont participé à l’émergence de

protocoles et de normes techniques indispensables au

développement cohérent du réseau. Ces organismes

regroupent de nombreux acteurs tels que communautés

techniques, chercheurs, représentants de gouvernements,

organisations nationales ou internationales, acteurs de la

société civile ou entreprises du secteur privé… une multitude

de parties prenantes qui ont façonné l’architecture et le

fonctionnement du réseau mais qui ne constituent pas un

véritable "gouvernement d’Internet". 

(*: Voir encadré ci-contre) 

Tout passe par les infrastructures

On a tendance à l’oublier dans l’univers de l’immatériel mais

internet c’est avant tout 1,2 millions de kilomètres de câbles

sous-marins (95 % des communications mondiales), des

antennes, des routeurs et des serveurs… autant d’infrastructures

bien réelles à priori faciles à contrôler. Et certains Etats ne s’en

privent pas. Sous prétexte de maintien de l’ordre public face à

des campagnes de protestation menées sur les réseaux sociaux,

des pays tels que la Tunisie, l’Inde, le Sri Lanka, le Pakistan et

bien d’autres ont été amenés à couper temporairement les

accès au réseau. Au Cameroun, par exemple, le président Paul

Biya a coupé internet pendant près de 6 mois en 2017… D’autres

Etats choisissent de limiter l’accès à internet au seul territoire

national. Ainsi, en Iran depuis 2021, les sites nationaux hébergés

à l’étranger ont-ils été contraints de se relocaliser permettant

ainsi aux autorités d’accéder aux serveurs et aux données.

La Russie a récemment créé une loi pour créer son internet

indépendant capable de fonctionner en dehors du réseau

mondial prenant ainsi modèle sur la République Populaire de

Chine. 

Car depuis le début d’internet dans les années 90, l’Etat chinois

défend ses droits à censurer internet en déclarant que le pays

a le droit de gouverner le réseau selon ses propres règles à

l'intérieur de ses frontières. Depuis 1998, la RPC a érigé une

grande muraille numérique en limitant l’accès aux sites

étrangers - notamment ceux des GAFAM¹  - ou en les

contraignant à héberger leurs serveurs en Chine. En protégeant

ainsi son marché national, l’Etat chinois a fait émerger ses

propres champions du numérique, les BATX²  et contrôle ainsi

l’ensemble du réseau. On considère aujourd’hui que la Chine

gère une sorte d’énorme intranet puisque le pays a très peu de

points de connexion à l'internet mondial, n'a pas d’opérateurs

téléphoniques étrangers opérant à l'intérieur de ses frontières,

et que contrairement à ce qui se passe sur le réseau mondial,

le trafic internet Chine-Chine ne quitte jamais le pays³…

 

Cette situation pourrait-elle évoluer avec l’émergence d’un

internet spatial à haut débit performant et accessible ?

Les différents projets menés récemment pourraient-ils rebattre

les cartes d’un réseau de communication essentiellement

terrestre via des millions de câbles sous-marins ? Actuellement,

plus de 50 % des habitants de la Terre, soit près de 3 milliards

de personnes, n’ont toujours pas accès au réseau mondial.

D’après un rapport récent des Nations unies, à eux seuls la

Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et le

Nigéria, regroupent 55 % de l’ensemble des personnes

démunies d’internet.

14 personnes contrôlent internet avec 7 clés secrètes

Si un hacker arrivait à prendre le contrôle de la base de

données de l'ICANN, il contrôlerait presque tout internet.

Il pourrait par exemple rediriger les requêtes vers de faux

sites. A son plus haut niveau, le DNS (Domain Name

System) est sécurisé par 14 personnes à travers le monde

connues sous le nom d'agents crypto, sans confier trop

de pouvoir à aucune de ces personnes. Tous les trois

mois depuis 2010, une partie d'entre eux se réunit et

organisent un rituel ultra sécurisé - la cérémonie de la

clé - pendant lequel les clés du métaphorique verrou

ultime d'Internet sont vérifiées et mises à jour.

L'organisation a sélectionné sept personnes comme

détenteurs de la clé (un mot de passe ultra-sécurisé).

Sept autres personnes ont été choisies comme

détenteurs de "clé de secours", ce qui revient au total

à 14 personnes.

Une nouvelle donne avec l'internet spatial ?

Starlink l’ambitieux projet de la société SpaceX prévoit le

lancement en orbite basse⁴ de 12 000  puis 42 000

minisatellites pour offrir un service internet partout dans le

monde et notamment dans les zones les moins peuplées.

D’autres projets, tels Kuiper d’Amazon (3500 satellites),

OneWeb, société anglo-indienne (648 satellites), la russe

Startrocket (200 satellites) et d’autres à venir (notamment

européen et chinois) se préparent. A la différence de l’orbite

géostationnaire⁵  où sont lancés les satellites actuels, la basse

altitude offre le double avantage d’un débit élevé et d’un temps

de latence infime.

D’autres projets, tel celui de la startup américaine Cloud

Constellation, préparent l’envoi de satellites en orbite basse

pour augmenter les capacités de stockage et assurer la

protection des données contre les cybermenaces.

Mais critiqués en raison du nombre très élevé de satellites

nécessaires à une bonne couverture, les projets de satellites

en basse altitude et notamment celui d’Elon Musk sont ralentis

par l’opposition des astronomes et de la Nasa. Ils y voient un

risque majeur de pollution visuelle lumineuse et de déchets

dans l’espace, de perturbation des observations et de risque

de collision avec d’autres satellites ou même avec l’ISS…

Toutefois, au-delà des nuisances célestes, cette prise de

contrôle de l’espace constitue une menace bien plus grande

pour d’autres acteurs : les régimes autoritaires.

 

Dans un article de février 2021 paru dans Business Insider,

John Byrne, directeur des services spécialisés dans les

technologies de télécommunication chez GlobalData déclare

que : "le satellite est susceptible de changer la donne car les

gouvernements ne contrôlent pas l'espace. En conséquence,

les gouvernements ont beaucoup plus de mal à réglementer

les contenus accessibles par satellite". Les Etats ont le droit de

réglementer l'espace vertical, par exemple lorsque les avions

voyagent dans leur espace aérien. Dans cette optique, "la

question est de savoir si les satellites en orbite basse seront

considérés comme faisant partie de la zone contrôlée par les

gouvernements ou non", souligne John Byrne.

 

En attendant le fonctionnement de ces services satellitaires

(dont la rentabilité est parfois remise en question), les réponses

ne se font pas attendre. En décembre 2020, un article de

l'édition russe de Popular Mechanics relate que le

gouvernement russe pourrait infliger des amendes à toutes

personnes ou entreprises qui utiliseraient la connexion internet

de Starlink.

 

Par ailleurs, le site Business Insider relate que la Russie a le

projet de développer sa propre constellation de satellites

internet Sfera, qui pourrait être lancée en 2024. "Le projet

permettrait probablement au pays de continuer à surveiller

le trafic internet national", indique John Byrne.

 

Toujours d’après Business Insider, de son côté la Chine travaille

à déployer en orbite basse une méga-constellation de 12 922

satellites. En coordonnant les principaux acteurs de l'industrie

spatiale chinoise, le pays veut lancer le réseau "Guowang"

(ou "réseau national" formé de deux sous-constellations,

évoluant entre 500 et 1 145 kilomètres d'altitude. À terme,

cette méga-constellation pourrait être idéalement placée

pour couvrir le continent asiatique là où SpaceX et Amazon

se focaliseraient sur l'Amérique, puis sur l'Europe. "Guowang"

pourrait ainsi être intégré au projet tentaculaire de nouvelle

route de la soie, cher au président chinois Xi Jinping, comme

redoutable outil de contrôle national et d'influence à

l'international. 

*Les instances historiques d’internet

 

- ICANN : Internet Corporation for Assigned Names and

Numbers. Elle a pour mission d'attribuer des adresses web

numériques à des sites web et à des ordinateurs.

- UIT : Union internationale des Télécommunications, l’agence

des Nations unies regroupe Etats, opérateurs, universités

et organisations pour attribuer dans le monde entier des

fréquences radioélectriques et des orbites de satellite.

- ISOC : Internet Society : promotion du développement

et de l’usage de l’internet 

- IAB : Internet Architecture Board, comité chargé de la

surveillance et du développement de l'Internet désigné

par l’Internet Society (ISOC)

- IETF : Internet Engineering Task Force : c’est l’une des Task

Forces de l’IAB chargée des orientations architecturales du

développement et de la promotion des standards de

communication.

- IRTF autre Task Force de l’IAB, l’IRTF se concentre sur les

problèmes de recherche à plus long terme sur les protocoles,

les applications, l’architecture et la technologie.

- IGF : International Government Forum, forum organisé

tous les ans sous la tutelle des Nations Unies. 

Exploiter les failles du "laisser-faire"

Le protectionnisme chinois n’empêche pas ses acteurs de partir

à la conquête de nouveaux marchés, notamment en Afrique⁶,

où des opérateurs tels que Huawei proposent des mobiles

chinois très accessibles ou investissent dans la construction

d’infrastructures stratégiques en échange du contrôle sur les

données qui y circulent.

 

Une influence potentielle y compris dans les pays les plus

développés avec notamment des risques d’espionnage jugés

très sérieux liés à la progression fulgurante de certaines

technologies et applications. La plus célèbre, TikTok, très

populaire auprès des plus jeunes, voire des très jeunes est

celle qui a connu la progression la plus fulgurante pendant le

confinement : 850 millions de téléchargement en 2020, plus

d’un milliard d’utilisateurs en 2021 ! C’est aussi celle sur laquelle

les utilisateurs passent le plus de temps : 52 minutes en

moyenne, 80 minutes par jour pour les 4-15 ans ! Et quand on

sait que "quand c’est gratuit, le produit c’est vous", on peut

s’inquiéter de l’utilisation des données partagées par de très

jeunes utilisateurs. 

 

Menacée d’interdiction sur le sol américain par Donald Trump,

l’application chinoise a enfin été approuvée en tant qu’une

sorte d’entreprise sino-américaine mais faute d’un organisme

international de régulation pouvant exercer des pressions, les

règles d’utilisation n’ont pour l’instant pas évolué. De sérieuses

questions subsistent quant à la vraie propriété et au

fonctionnement de l'application, au transfert des données des

utilisateurs en Chine ainsi qu'à la quantité de données

personnelles qu'elle collecte sur les citoyens et à la manière

dont ses algorithmes pourraient être utilisés pour façonner ce

que pensent ses utilisateurs… 

Vers une nouvelle régulation ?

Bien entendu, dans les pays démocratiques d’autres acteurs et

notamment les GAFAM ne sont pas exempts de toute critique

et après une période de "laisser faire", les débats sur les enjeux

de la régulation foisonnent, en Europe comme aux Etats-Unis.

Car, de par leur nombre d’abonnés, l’utilisation de l’intelligence

artificielle et des algorithmes, leur emprise sur le

fonctionnement du réseau est bien réelle.

 

A titre d’exemples parmi d’autres :

 

- Twitter a eu la capacité sans précédent de couper la parole d’un Président de la République en décidant de supprimer en moins de 15 minutes, le compte de Donald Trump.

- Google a un impact énorme sur l’accès à l’information sachant

que c’est le moteur de recherche le plus utilisé⁷  dans le monde et que via ses algorithmes, il a la capacité de donner plus ou moins de visibilité à certains contenus. Il peut également promouvoir ses propres produits et services au détriment de services concurrents, tel le comparateur de produits et de prix, Google Shopping, récemment épinglé par la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager…

- Facebook est régulièrement audité pour ses pratiques anti-démocratiques : collecte des données, propagations de propos

haineux incitant à la violence, surveillance, manipulation de

l’opinion, absence de modération et de contrôle sur des trafics

de drogue ou de traites d’êtres humains… cela ne l’empêche

pas toutefois de rester l’un des réseaux sociaux le plus

important : 2,8 milliards d’utilisateurs, 7.38 milliards si on lui

ajoute Facebook Messenger, WhatsApp et Instagram.

- Avec 197 millions d’acheteurs tous les mois dans le monde, le

site de e-commerce Amazon considéré comme le site leader

du commerce en ligne mondial⁸  est régulièrement accusé de

pratiques anticoncurrentielles. Par ailleurs, sa filiale AWS

(Amazon Web Services) domine le marché de l’hébergement

en logeant sur ses serveurs plus de 40 % des applications

logicielles et services web dans le monde. Parmi ses millions

de clients, AWS compte Netflix, Twitter, Zoom, Airbnb, de

nombreuses administrations américaines comme la CIA ou l’US

Navy et 80% des entreprises françaises du CAC 40… Inutile de

dire que le blocage ou une panne de ses serveurs aurait des

répercussions sur le fonctionnement d’internet et de

l’économie mondiale…

 

Mais ni les amendes à coups de milliards⁹ , ni les menaces des

Etats n'ont réussi à changer la donne, les régulateurs travaillent

désormais à une régulation concurrentielle, note Fabienne

Schmitt, chef du service high tech & médias aux Echos.

"Il s'agit de stopper certaines pratiques et de permettre

l'émergence d'acteurs concurrents, alors que les alternatives

aujourd'hui sont écrasées par ces nouveaux quasi-monopoles

(…) L'autre voie ciblée par les régulateurs concerne le contrôle

des données personnelles. Quelle utilisation ? Quelle protection

? Quel partage forcer entre les concurrents ? Si le RGPD¹⁰ est

une première réponse, elle n'est pas suffisante".

A retenir

 

- L’origine américaine d’internet explique que le réseau se soit

développé dans le cadre d’une philosophie libérale de "laisser

faire" sans véritables règles ni cadre juridique.

- Les acteurs privés du numérique et notamment les GAFAM

ont acquis une puissance telle que les Etats et les

organisations internationales peinent à les réguler. La plus

active actuellement dans le domaine de la protection des

données personnelles et des pratiques  anti-concurrentielles

est l’Union européenne. 

- Via les infrastructures, certains Etats autoritaires ont réussi à

totalement contrôler l’accès au réseau dans leur pays. C’est le

cas de la Chine.

- Ce contrôle pourrait éventuellement être remis en cause

avec l’émergence d’un internet spatial en orbite basse.

Le développement de ce nouvel accès à internet permettrait

aussi de développer de nouvelles capacités de stockage.

1- GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft

2- BATX : Baidu (moteur de recherche), Alibaba (e-commerce et hébergement), Tencent (réseaux sociaux, notamment Tencent QQ et WeChat, portails web, publicité, commerce et jeux en ligne), Xiaomi (téléphonie mobile et électronique grand public. 2e constructeur mondial de smartphones en 2021 derrière Samsung et devant Apple)

3- En comparaison : seuls environ 25% du trafic français reste en France.

4- Orbite basse : entre 330 et 1320 kilomètres 

5- Orbite géostationnaire : environ 36000 kilomètres

6- Spécialement en Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Ouganda

7- Une moyenne de 90 % de part de marché dans le monde,

à l’exception de la Chine 0 % et de la Russie 46%

8- En 2020, le chiffre d’affaires d’Amazon était de 296,3 milliards de dollars, soit quatre fois plus que celui de son concurrent chinois Alibaba, dont les recettes s'élevaient à 72 milliards de dollars au cours de la période.  

9- En deux ans, Google à lui tout seul a été condamné à 8,2 milliards d'euros d'amendes par Bruxelles pour abus de position dominante.

10- RGPD : Règlement général sur la protection des données

 

Sources documentaires : arte.tv, hellofuture.orange.com, businessinsider.fr, popmech.ru, lebigdata.fr, lesechos.fr

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Plus court, plus vite

Personne ! C’est probablement ce qu’aurait répondu dans les années 90, la communauté des ingénieurs à l’origine du réseau. Telle était alors leur volonté : un réseau d’échanges horizontal sans frontière, libre d’accès et sans contrôle… Aujourd’hui, même si le réseau des réseaux n’a pas à proprement parler un organe central de décision ou une véritable hiérarchie, de nombreux acteurs publics ou privés exercent de fait leur pouvoir. Le développement futur de l’internet spatial à orbite basse pourrait aussi rebattre les cartes de ses accès et contrôles…

Né aux Etats-Unis, le réseau des réseaux s’est développé dans des structures de recherche soutenues par le département de la Défense puis dans des universités en mode contributif et collaboratif, sans véritable règle, ni organisme de régulation. Rapidement, néanmoins, il a fallu organiser les choses d’un point de vue technique et des organismes tels que l’ICANN* ont permis de coordonner l’attribution des noms de domaines et des adresses IP. D’autres organes et groupes de travail nationaux ou internationaux tels que l’ISOC*, l’IAB*, l’IRTF*, l’IETF*, l’IGF*ou l’UIT*...  ont participé à l’émergence de protocoles et de normes techniques indispensables au développement cohérent du réseau. Ces organismes regroupent de nombreux acteurs tels que communautés techniques, chercheurs, représentants de gouvernements, organisations nationales ou internationales, acteurs de la société civile ou entreprises du secteur privé… une multitude de parties prenantes qui ont façonné l’architecture et le fonctionnement du réseau mais qui ne constituent pas un véritable "gouvernement d’Internet".

(*: Voir encadré ci-dessous) 

*Les instances historiques d’internet

 

- ICANN : Internet Corporation for Assigned Names and Numbers. Elle a pour mission d'attribuer des adresses web numériques à des sites web et à des ordinateurs.

- UIT : Union internationale des Télécommunications, l’agence des Nations unies regroupe Etats, opérateurs, universités et organisations pour attribuer dans le monde entier des fréquences radioélectriques et des orbites de satellite.

- ISOC : Internet Society : promotion du développement et de l’usage de l’internet.

- IAB : Internet Architecture Board, comité chargé de la surveillance et du développement de l'Internet désigné par l’Internet Society (ISOC).

- IETF : Internet Engineering Task Force : c’est l’une des Task Forces de l’IAB chargée des orientations architecturales du développement et de la promotion des standards de communication.

- IRTF autre Task Force de l’IAB, l’IRTF se concentre sur les problèmes de recherche à plus long terme sur les protocoles, les applications, l’architecture et la technologie.

- IGF : International Government Forum, forum organisé tous les ans sous la tutelle des Nations Unies. 

A tel point d’ailleurs qu’il ne le quittera qu’à l’âge de trente-trois ans. Son père lui explique

que pour être tranquille dans la vie, il faut être sérieux. Il l’est. Mais à l’orée de la seconde,

la motivation décline. Un conseiller le remotive en lui parlant d’un BEP de comptabilité.

Obtenu brillamment, il rattrape sa route vers un bac G2 où la compta est reine.

Les résultats sont bons. On conseille à Michel de s’orienter vers de longues études.

Mais lui préfère un parcours plus court pour entrer plus vite dans la vie active.

Sa décision est prise, ce sera un BTS. Il enchaîne ensuite sur une maîtrise de gestion.

Comptable en uniforme

Tout passe par les infrastructures

On a tendance à l’oublier dans l’univers de l’immatériel mais internet c’est avant tout 1,2 millions de kilomètres de câbles sous-marins (95 % des communications mondiales), des antennes, des routeurs et des serveurs… autant d’infrastructures bien réelles à priori faciles à contrôler. Et certains Etats ne s’en privent pas. Sous prétexte de maintien de l’ordre public face à des campagnes de protestation menées sur les réseaux sociaux, des pays tels que la Tunisie, l’Inde, le Sri Lanka, le Pakistan et bien d’autres ont été amenés à couper temporairement les accès au réseau. Au Cameroun, par exemple, le président Paul Biya a coupé internet pendant près de 6 mois en 2017… D’autres Etats choisissent de limiter l’accès à internet au seul territoire national. Ainsi, en Iran depuis 2021, les sites nationaux hébergés à l’étranger ont-ils été contraints de se relocaliser permettant ainsi aux autorités d’accéder aux serveurs et aux données. La Russie a récemment créé une loi pour créer son internet indépendant capable de fonctionner en dehors du réseau mondial prenant ainsi modèle sur la République Populaire de Chine. 

Et puis il a aussi des contraintes, notamment celles du service militaire "Pendant dix mois, à Montauban puis Vincennes" reprend Michel. Là, il endosse l’uniforme du comptable pour

s’occuper de la solde du contingent. "J’étais chanceux avec ce poste tranquille après des classes plus rugueuses", précise-t-il. Juste après l’armée, la chance l’attend encore dans une agence d’intérim. On lui propose de remplacer au poste de comptable une collaboratrice qui s’est cassée la jambe. "En fait, le PMU me met le pied à l’étrier", s’amuse Michel. Il y restera trois ans. Puis d’autres horizons s’ouvrent à lui. Notamment publicitaires chez Publicis Conseil.

Des sociétés de services l’accueillent. Jusqu’à Kaba. Ce spécialiste des portes coulissantes lui ouvre les siennes. "Souhaitant renouveler leur système d’information, ils avaient besoin de mon expérience pour être accompagnés dans ce changement". Les solutions du marché ne plaisent pas à Michel. C’est alors que des consultants de Navision viennent le voir. Leur offre plait au Directeur comptable de Michel et l’implémentation est mise place avec succès. Michel ayant découvert le métier de consultant est tenté par l’activité. Intéressé par la compétence comptable de Michel, Navision lui propose de le former au consulting.

Puis Michel entre chez Colombus, intégrateur AX. Les projets s’enchaînent, spécialement

chez Saint-Gobain Glass. Ensuite, il entre chez Avanade et quelques années plus tard

il intègre l’ESN Viseo. 

Premiers contacts

Deux ans après, Flexmind le contacte avec un argument décisif : "Ici tu n’auras pas une kyrielle de projets mais un seul, important et captivant". C’est ainsi que Michel démarre en 2012 sur le projet Geodis et fait la connaissance de nombre de ses collègues d’aujourd’hui. En 2017, il quitte le salariat pour le statut d’indépendant et opère pour le groupe Saur. "Pendant ce temps, Geodis s’était séparé de Flexmind pour rejoindre FiveForty°. Jonathan m’appelle pour me proposer de reprendre en sous-traitant sur Geodis en conservant mon nouveau statut", résume le consultant finance Dynamics. 

 "De toute façon, quand Jonathan a voulu monter sa structure, je n’ai pas hésité une seule seconde". Celui que la chance n’a jamais lâché précise : "Ici, on ne sent pas le poids de la structure, l’aspect famille est palpable. Ce lien social ajouté à la diversité des clients, c’est ce qui donne envie de bosser avec eux".°

Car depuis le début d’internet dans les années 90, l’Etat chinois défend ses droits à censurer internet en déclarant que le pays a le droit de gouverner le réseau selon ses propres règles à l'intérieur de ses frontières. Depuis 1998, la RPC a érigé une grande muraille numérique en limitant l’accès aux sites étrangers - notamment ceux des GAFAM¹- ou en les contraignant à héberger leurs serveurs en Chine. En protégeant ainsi son marché national, l’Etat chinois a fait émerger ses propres champions du numérique, les BATX² et contrôle ainsi l’ensemble du réseau. On considère aujourd’hui que la Chine gère une sorte d’énorme intranet puisque le pays a très peu de points de connexion à l'internet mondial, n'a pas d’opérateurs téléphoniques étrangers opérant à l'intérieur de ses frontières, et que contrairement à ce qui se passe sur le réseau mondial, le trafic internet Chine-Chine ne quitte jamais le pays³ …

Cette situation pourrait-elle évoluer avec l’émergence d’un internet spatial à haut débit performant et accessible ? Les différents projets menés récemment pourraient-ils rebattre les cartes d’un réseau de communication essentiellement terrestre via des millions de câbles sous-marins ? Actuellement, plus de 50 % des habitants de la Terre, soit près de 3 milliards de personnes, n’ont toujours pas accès au réseau mondial. D’après un rapport récent des Nations unies, à eux seuls la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et le Nigéria, regroupent 55 % de l’ensemble des personnes démunies d’internet.

14 personnes contrôlent internet avec 7 clés secrètes

 

Si un hacker arrivait à prendre le contrôle de la base de données de l'ICANN, il contrôlerait presque tout internet. Il pourrait par exemple rediriger les requêtes vers de faux sites. A son plus haut niveau, le DNS (Domain Name System) est sécurisé par 14 personnes à travers le monde connues sous le nom d'agents crypto, sans confier trop de pouvoir à aucune de ces personnes. Tous les trois mois depuis 2010, une partie d'entre eux se réunit et organisent un rituel ultra sécurisé - la cérémonie de la clé - pendant lequel les clés du métaphorique verrou ultime d'Internet sont vérifiées et mises à jour. L'organisation a sélectionné sept personnes comme détenteurs de la clé (un mot de passe ultra-sécurisé). Sept autres personnes ont été choisies comme détenteurs de "clé de secours", ce qui revient au total à 14 personnes.      

Une nouvelle donne avec l’internet spatial ?

Starlink l’ambitieux projet de la société SpaceX prévoit le lancement en orbite basse⁴  de 12 000  puis 42 000 minisatellites pour offrir un service internet partout dans le monde et notamment dans les zones les moins peuplées. D’autres projets, tels Kuiper d’Amazon (3500 satellites), OneWeb, société anglo-indienne (648 satellites), la russe Startrocket (200 satellites) et d’autres à venir (notamment européen et chinois) se préparent. A la différence de l’orbite géostationnaire⁵  où sont lancés les satellites actuels, la basse altitude offre le double avantage d’un débit élevé et d’un temps de latence infime.

 

D’autres projets, tel celui de la startup américaine Cloud Constellation, préparent l’envoi de satellites en orbite basse pour augmenter les capacités de stockage et assurer la protection des données contre les cybermenaces.

 

Mais critiqués en raison du nombre très élevé de satellites nécessaires à une bonne couverture, les projets de satellites en basse altitude et notamment celui d’Elon Musk sont ralentis par l’opposition des astronomes et de la Nasa. Ils y voient un risque majeur de pollution visuelle lumineuse et de déchets dans l’espace, de perturbation des observations et de risque de collision avec d’autres satellites ou même avec l’ISS…

Toutefois, au-delà des nuisances célestes, cette prise de contrôle de l’espace constitue une menace bien plus grande pour d’autres acteurs : les régimes autoritaires.

 

Dans un article de février 2021 paru dans Business Insider, John Byrne, directeur des services spécialisés dans les technologies de télécommunication chez GlobalData déclare que : "le satellite est susceptible de changer la donne car les gouvernements ne contrôlent pas l'espace. En conséquence, les gouvernements ont beaucoup plus de mal à réglementer les contenus accessibles par satellite". Les Etats ont le droit de réglementer l'espace vertical, par exemple lorsque les avions voyagent dans leur espace aérien. Dans cette optique, "la question est de savoir si les satellites en orbite basse seront considérés comme faisant partie de la zone contrôlée par les gouvernements ou non", souligne John Byrne.

 

En attendant le fonctionnement de ces services satellitaires (dont la rentabilité est parfois remise en question), les réponses ne se font pas attendre. En décembre 2020, un article de l'édition russe de Popular Mechanics relate que le gouvernement russe pourrait infliger des amendes à toutes personnes ou entreprises qui utiliseraient la connexion internet de Starlink. 

 

Par ailleurs, le site Business Insider relate que la Russie a le projet de développer sa propre constellation de satellites internet Sfera, qui pourrait être lancée en 2024. "Le projet permettrait probablement au pays de continuer à surveiller le trafic internet national", indique John Byrne.

 

Toujours d’après Business Insider, de son côté la Chine travaille à déployer en orbite basse une méga-constellation de 12 922 satellites. En coordonnant les principaux acteurs de l'industrie spatiale chinoise, le pays veut lancer le réseau "Guowang" (ou "réseau national" formé de deux sous-constellations, évoluant entre 500 et 1 145 kilomètres d'altitude. À terme, cette méga-constellation pourrait être idéalement placée pour couvrir le continent asiatique là où SpaceX et Amazon se focaliseraient sur l'Amérique, puis sur l'Europe. "Guowang" pourrait ainsi être intégré au projet tentaculaire de nouvelle route de la soie, cher au président chinois Xi Jinping, comme redoutable outil de contrôle national et d'influence à l'international.

Exploiter les failles du "laisser-faire"

Le protectionnisme chinois n’empêche pas ses acteurs de partir à la conquête de nouveaux marchés, notamment en Afrique⁶ , où des opérateurs tels que Huawei proposent des mobiles chinois très accessibles ou investissent dans la construction d’infrastructures stratégiques en échange du contrôle sur les données qui y circulent.

 

Une influence potentielle y compris dans les pays les plus développés avec notamment des risques d’espionnage jugés très sérieux liés à la progression fulgurante de certaines technologies et applications. La plus célèbre, TikTok, très populaire auprès des plus jeunes, voire des très jeunes est celle qui a connu la progression la plus fulgurante pendant le confinement : 850 millions de téléchargement en 2020, plus d’un milliard d’utilisateurs en 2021 ! C’est aussi celle sur laquelle les utilisateurs passent le plus de temps : 52 minutes en moyenne, 80 minutes par jour pour les 4-15 ans ! Et quand on sait que "quand c’est gratuit, le produit c’est vous", on peut s’inquiéter de l’utilisation des données partagées par de très jeunes utilisateurs.

 

Menacée d’interdiction sur le sol américain par Donald Trump, l’application chinoise a enfin été approuvée en tant qu’une sorte d’entreprise sino-américaine mais faute d’un organisme international de régulation pouvant exercer des pressions, les règles d’utilisation n’ont pour l’instant pas évolué. De sérieuses questions subsistent quant à la vraie propriété et au fonctionnement de l'application, au transfert des données des utilisateurs en Chine ainsi qu'à la quantité de données personnelles qu'elle collecte sur les citoyens et à la manière dont ses algorithmes pourraient être utilisés pour façonner ce que pensent ses utilisateurs… 

Vers une nouvelle régulation ?

Bien entendu, dans les pays démocratiques d’autres acteurs et notamment les GAFAM ne sont pas exempts de toute critique et après une période de "laisser faire", les débats sur les enjeux de la régulation foisonnent, en Europe comme aux Etats-Unis. Car, de par leur nombre d’abonnés, l’utilisation de l’intelligence artificielle et des algorithmes, leur emprise sur le fonctionnement du réseau est bien réelle. 

 

 A titre d’exemples parmi d’autres :

 

- Twitter a eu la capacité sans précédent de couper la parole d’un Président de la République en décidant de supprimer en moins de 15 minutes, le compte de Donald Trump.

- Google a un impact énorme sur l’accès à l’information sachant que c’est le moteur de recherche le plus utilisé⁷  dans le monde et que via ses algorithmes, il a la capacité de donner plus ou moins de visibilité à certains contenus. Il peut également promouvoir ses propres produits et services au détriment de services concurrents, tel le comparateur de produits et de prix, Google Shopping, récemment épinglé par la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager…

- Facebook est régulièrement audité pour ses pratiques anti-démocratiques : collecte des données, propagations de propos haineux incitant à la violence, surveillance, manipulation de l’opinion, absence de modération et de contrôle sur des trafics de drogue ou de traites d’êtres humains… cela ne l’empêche pas toutefois de rester l’un des réseaux sociaux le plus important : 2,8 milliards d’utilisateurs, 7.38 milliards si on lui ajoute Facebook Messenger, WhatsApp et Instagram.

- Avec 197 millions d’acheteurs tous les mois dans le monde, le site de e-commerce Amazon considéré comme le site leader du commerce en ligne mondial⁸  est régulièrement accusé de pratiques anticoncurrentielles. Par ailleurs, sa filiale AWS (Amazon Web Services) domine le marché de l’hébergement en logeant sur ses serveurs plus de 40 % des applications logicielles et services web dans le monde. Parmi ses millions de clients, AWS compte Netflix, Twitter, Zoom, Airbnb, de nombreuses administrations américaines comme la CIA ou l’US Navy et 80% des entreprises françaises du CAC 40… Inutile de dire que le blocage ou une panne de ses serveurs aurait des répercussions sur le fonctionnement d’internet et de l’économie mondiale…

 

Mais ni les amendes à coups de milliards⁹ , ni les menaces des Etats n'ont réussi à changer la donne, les régulateurs travaillent désormais à une régulation concurrentielle, note Fabienne Schmitt, chef du service high tech & médias aux Echos. "Il s'agit de stopper certaines pratiques et de permettre l'émergence d'acteurs concurrents, alors que les alternatives aujourd'hui sont écrasées par ces nouveaux quasi-monopoles (…) L'autre voie ciblée par les régulateurs concerne le contrôle des données personnelles. Quelle utilisation ? Quelle protection ? Quel partage forcer entre les concurrents ? Si le RGPD¹⁰  est une première réponse, elle n'est pas suffisante".

A retenir

 

- L’origine américaine d’internet explique que le réseau se soit développé dans le cadre d’une philosophie libérale de "laisser faire" sans véritables règles ni cadre juridique.

- Les acteurs privés du numérique et notamment les GAFAM ont acquis une puissance telle que les Etats et les organisations internationales peinent à les réguler. La plus active actuellement dans le domaine de la protection des données personnelles et des pratiques  anti-concurrentielles est l’Union européenne.

- Via les infrastructures, certains Etats autoritaires ont réussi à totalement contrôler l’accès au réseau dans leur pays. C’est le cas de la Chine.

- Ce contrôle pourrait éventuellement être remis en cause avec l’émergence d’un internet spatial en orbite basse. Le développement de ce nouvel accès à internet permettrait aussi de développer de nouvelles capacités de stockage.

1- GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft

2- BATX : Baidu (moteur de recherche), Alibaba (e-commerce et hébergement), Tencent (réseaux sociaux, notamment Tencent QQ et WeChat, portails web, publicité, commerce et jeux en ligne), Xiaomi (téléphonie mobile et électronique grand public. 2e constructeur mondial de smartphones en 2021 derrière Samsung et devant Apple)

3- En comparaison : seuls environ 25% du trafic français reste en France.

4- Orbite basse : entre 330 et 1320 kilomètres 

5- Orbite géostationnaire : environ 36000 kilomètres

6- Spécialement en Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Ouganda

7- Une moyenne de 90 % de part de marché dans le monde, à l’exception de la Chine 0 % et de la Russie 46%

8- En 2020, le chiffre d’affaires d’Amazon était de 296,3 milliards de dollars, soit quatre fois plus que celui de son concurrent chinois Alibaba, dont les recettes s'élevaient à 72 milliards de dollars au cours de la période.  

9- En deux ans, Google à lui tout seul a été condamné à 8,2 milliards d'euros d'amendes par Bruxelles pour abus de position dominante.

10-RGPD : Règlement général sur la protection des données

 

Sources documentaires : arte.tv, hellofuture.orange.com,

businessinsider.fr, popmech.ru, lebigdata.fr, lesechos.fr

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